Maman suivait des cours à la Croix Rouge.
Le jour où la guerre a été déclarée, j’étais allée traire avec maman sur « Pet’cou ». Et comme on sortait de la prairie, on entend un bruit assourdissant. Maman me dit alors toute effrayée « J’espère que ce n’est pas la guerre » ? Nous revenons alors avec la charrette à traire et quand nous arrivons dans la rue Jehoge, nous voyons un attroupement au carrefour. C’était bien la guerre.
Je n’ai jamais oublié Léa et Léona Tavier … Elles habitaient ensemble depuis que leurs maris étaient mobilisés… Léona ouvre la fenêtre de sa chambre et toute endormie, elle dit : « qui n’a ti ? » (qu’est ce qu’il y a ?). Et Maria Bédeur, une autre voisine répond : « c’est l’guerre »…Et puis Léa vient elle aussi à la fenêtre et dit « Di qwèèèèèèè ? » … Et Maria fâchée répond : « C’est l’guerre NOM DI DJU »… !
Dans le village certains quittaient leur maison, moi, je voulais partir aussi. Je dis à maman : » Partons » ! … j’avais très peur et maman me répond .. : « et les vaches » ? « qu’on les vende » lui dis-je. Mais comment les vendre, il n’y avait pas de marchand. Alors je dis à maman » qu’on les tue alors »
Les jours suivants les allemands avançaient et tout de même on s’est décidé à partir. On voyait les voisins passer en vélo et en charrettes… tout le monde voulait fuir.
Mais nous ne sommes pas allés très loin … arrivés dans « La Vaux », on voyait des gens qui revenaient .. les ponts avaient sauté, c’était inutile d’aller plus loin.
Alors maman dit : « à l’autre guerre, les allemands n’étaient pas passés sur la route de Saint-Roch ». Alors nous sommes allés chez mon oncle, Léonard Nizet, Marie Louise Werbomont est venue avec nous. Nous avons mis des couvertures sur le sol et on s’est couchés. On ne dormait pas, on avait bien trop peur. Le lendemain matin, nous parlons avec un homme de Rouge Minière qui dit à maman « Si j’ai un bon conseil à vous donner, c’est de conduire vos filles au Petit Séminaire de Saint-Roch et les habiller en soeurs, parce que les allemands violent les filles » ce n’était pas rassurant. Le lendemain nous sommes redescendues à la maison. Les avions allemands volaient très bas. On pouvait même voir les hommes dedans. Cela faisait très peur. Les Belges reculaient et les allemands avançaient, si bien qu’ils sont arrivés chez nous. Je les vois encore, je tremblais de peur et je regardais pas la fenêtre, en me cachant le plus possible. A l’époque, nous n’avions jamais voyagé à l’étranger et nos parents nous avaient toujours dit qu’à l’autre guerre (14-18) ils étaient très laids et très méchants. Là stupéfaction ! j’en vois trois qui sortaient de chez Tavier-Pirotton, la maison d’en face. Ce n’était pas du tout ce que mes parents m’avaient dit. Ils étaient tous les trois très beaux garçons, pas l’air méchants du tout et ils riaient comme des fous en sortant de la maison.
Ils étaient allés demander de l’eau et étaient tombés sur Gertrude Pirotton, la sœur de Marie Rosine Pirotton. Gertrude avait l’esprit un peu dérangé… Elle avait voulu les servir, mais les allemands étaient méfiants et ils lui avaient demandé de boire la première.
Il faut dire que les premiers allemands étaient envoyé pour plaire aux gens. C’était une tactique de Hitler. Me voilà donc un peu rassurée….
Le lendemain, un side-car s’arrête devant chez moi. Ils étaient deux allemands, avec de sales gueules. Il y avait deux ou trois voisins sur la route et je me dis « c’est le moment de m’affranchir » Une voisine essayait de leur demander si ils n’allaient pas nous tuer et elle faisait un geste comme si elle pointait un fusil… Les allemands étaient très fâchés. Ils cherchaient le bourgmestre et voulaient que quelqu’un les accompagne dans le side-car. J’aurais voulu ne jamais être sortie, mais il était trop tard. Finalement on leur a expliqué comme on pouvait où ils devaient se rendre et ils sont partis… Ouf, j’avais eu très peur.
Mon fiancé Léon Lamer avec qui je courtisais est devenu soldat en 1939, il devait être démobilisé début 194O, mais hélas, il y a eu les bruits de guerre et il n’a jamais fait ce que l’on appelait « la classe », c’est-à-dire que ce jour là, tous les démobilisés faisaient la fête. Mais lui et les autres de son unité n’ont jamais eu cette chance, car la guerre a éclaté. A l’armée, il était maréchal ferrant. Je suis déjà allée le voir pendant la mobilisation et j’avais dû attendre et le voir travailler. Alors, il est parti avec l’Etat Major, les allemands avançaient et en 10 jours ils avaient déjà occupé toute la Belgique. Puis ils ont commencé à occuper la France, mais ils ne sont pas allés jusque dans le Midi. Mon fiancé était à Mauvezo ? il dormait dans un fenil et il y avait des rats et des souris. Il était sale, il n’avait rien pour se changer. Il n’avait plus d’argent et les français, les appelaient les « boches du nord » avant qu’eux ne capitulent à leur tour.
Un jour il est allé sur un marché et il a volé un slip, puis il a pu aller prendre un bain dans la rivière. La France a été elle-même occupée, ils n’appelaient plus les belges « les boches du nord ». Quand tout a été plus calme, ils ont pu revenir.
Raymond Pirotton, mon frère n’avait que 17 ans à la déclaration de la guerre et lui aussi a été appelé pour apprendre le maniement des armes, puisqu’à cet âge, il n’avait pas été soldat. Raymond a failli être embarqué vers l’Angleterre, mais les bateaux étaient pleins. Alors il est allé à Toulouse. Il y est resté 3 mois.
Un jour, on nous a annoncé que des jeunes de Xhoris revenaient d’Aywaille. J’ai pris mon vélo et je suis partie dans cette direction. Comme je ne voyais rien a Awan, j’ai demandé et on m’a dit qu’en effet des jeunes revenaient sur Xhoris. Ils avaient tout simplement pris un autre chemin que moi. Alors j’ai fait demi tour et je suis revenue d’Awan, sans m’arrêter. Quand je suis rentrée mon frère était à la maison. C’était la joie, maman avait préparé une grande bassine d’eau pour qu’il puisse se laver… enfin.
Puis il a commencé à raconter ce qu’il avait vu. Des tués sur les routes et des bombardements.
Un jour, ils étaient dans une école. Hélas, il y avait de grandes vitres et les allemands bombardaient, mon frère Raymond et Jules Bédeur (qui habitait la forge au milieu du village) se sont couchés à plat ventre sur le sol. Jules Bédeur était très croyant et il priait en tenant un chapelet entre ses doigts… Un autre qui lui n’était pas croyant pris de panique… lui dit « Donne moi un peu cela » – en parlant du chapelet …. Après ils en ont bien rigolé.
Raymond avait trouvé un petit poêlon qui ne l’a jamais quitté. Il n’a jamais voulu s’en séparer. Il est resté pendu des années à l’escalier qui va vers ma cave, maintenant c’est ma fille Micheline qui le garde précieusement.
Raymond était boulanger de métier, nous avions semé du grain, on tamisait la farine de ravitaillement et on mélangeait les deux. Il y avait un four chez moi et les voisins faisaient leurs pains et venaient cuire chez moi, puis petit à petit quand il y avait un baptême ou une communion, ou un mariage, un enterrement, on venait trouver mon frère et il faisait une liste de tout ce qu’il fallait. On s’y mettait tous les trois. Ce que l’on a pu en fabriquer des tartes, des pistolets, des gâteaux.
Nous avions des vaches et des cochons, mais tout cela devait être déclaré à l’occupant. Nous avions des timbres de ravitaillement que l’on distribuait à la commune. Nous avions droit à 1 kg de farine noire, du gruau d’avoine, d’où il fallait tirer la paille. Nous avions aussi un champ avec des pommes de terre, mais plus question de café, ni de chocolat, ni de bonbons, ni de biscottes. Tout cela n’existait plus. Plus de bals, plus de concert, plus de fête au village. Alors nous allions au cinéma à Aywaille en vélo, l’après-midi. Il y avait un café sur la place où on dansait, mais il fallait toujours rentrer avant la nuit et à dix heures du soir nous ne pouvions plus sortir et toutes les fenêtres devaient être occultées. On ne pouvait plus ouvrir une porte sans éteindre la lumière. Il passait assez souvent une patrouille allemande et s’ils avaient vu la lumière, ils auraient tiré. Jusqu’en 1942, cela pouvait encore aller, mais à partir de cette date, ils ont commencé à réquisitionner les belges pour le travail obligatoire en Allemagne. Mon fiancé était occupé aux Chemins de fer, c’est ceux là qu’on a pris les premiers, il fallait passer une visite médicale pour voir si on était en bonne santé, pour partir travailler en Allemagne. Mon fiancé, a eu son papier et il a décidé avec ses parents de se cacher.
Un jour qu’il se cachait dans la maison, il a vu venir les allemands il est alors allé dans le fenil de ses parents et est passé dans le fenil des voisins pour se cacher derrière la maison de chez Misse… Pendant ce temps là, sa maman Adolphine Lognoul parlait avec les allemands. « Où est votre fils » ? ont-ils demandé et elle de répondre : « Il a reçu un papier pour aller travailler en Allemagne, il est parti et depuis je ne l’ai plus de nouvelles de lui ».
Il y avait un veston qui pendait au porte-manteaux, ils ont regardé dans les poches et ils ont trouvé un permis de pêche. Ils ont dit » Et ça ! Qu’est-ce que c’est ? (il y avait une photo sur le permis) ». Alors ils ont voulu prendre le permis… elle a alors supplié « mon fils est bien parti et n’ai aucune autre photo de lui »… Ce n’était sans doute pas de trop mauvais allemands car ils lui ont rendu la photo.
Léon Lamer, mon fiancé, ne dormait jamais chez lui, il se cachait chez son oncle Lucien LOGNOUL qui était garde dans une belle propriété à gauche entre la place de Ferrières et le Houpet….
Parfois il venait chez moi, j’habitais avec ma marraine depuis la mort de mon parrain. On se méfiait de tout le monde, même des voisins. Pas parce que c’était des traîtres, mais parce que l’on avait peur qu’ils ne parlent. Quand il y avait quelqu’un, j’allais vite mettre un petit papier sur la porte de derrière et je tirais le verrou, alors il attendait que la personne soit sortie.
Mon beau-père, Alphonse LAMER, était garde au château de Dodeigne à Hamoir. Il avait enterré dans le jardin tous les objets de valeur. Mais il y avait une place où il y avait des jambons fumés et toutes sortes de victuailles. Peut être il y avait il eu dénonciation ? Toujours est-il que les allemands se rendirent au château et avait tout emporté. Mon beau père a été « ramassé » et conduit à la Feldcommandatur à Huy. Heureusement son patron a pu le faire sortir .
Emile LAMER, le frère d’Alphonse joua lui aussi un rôle très important dans la résistance. Il avait fait une cachette dans sa maison afin d’y cacher des personnes qui fuyaient les allemands.
Une autre fois Léon revenait de Dodeigne par le Fond des Vaux. Il s’aperçoit que deux allemands le suivent. Il a continué à marcher, puis les Allemands ont tiré, alors il s’est jeté dans un petit ravin et n’a plus bougé, les allemands sont arrivés pas loin de lui, ils ont parlé entre-eux puis ils sont partis, Léon est resté encore un bon bout de temps sans bouger et puis il est remonté par le bois… il l’avait échappé belle.
Arrivé plus haut dans le bois, il voit un attroupement de Xhoris, ils étaient tous là parce qu’il y avait des allemands dans le village. Léon a attendu bien longtemps avec eux puis il s’est décidé à repartir.
A propos de ce jour là, une petite anecdote que l’on a souvent racontée :
Auguste RASKIN était sur les lieux, il avait un défaut de prononciation (au lieu des R il disait des L). Et voilà qu’il dit à son fils Emile RASKIN : « No nè lilans Emile on n’veut plus lin ».
Une autre fois, Léon se trouvait encore au château Dodeigne, il était dans la cour et il voit arriver deux allemands qui lui disent « Ici résistant » (il y avait certainement eu dénonciation). Quand il voit les allemands il a envie de prendre la fuite, mais il se dit « si je cours ils vont tirer sur moi ». Alors il est resté bien en place. Ils lui ont demandé : « Qui êtes-vous ? » « Moi ? » répond Léon, « je suis le garde du château ». Il avait toutes les clefs donc il a fait visiter le château aux allemands, pour chercher le fameux résistant (c’est à dire « lui »).
Mon beau-père qui était retourné à Ferrières auprès de sa femme…(les patrons lui avaient offert un petit cheval et une charrette afin de pouvoir retourner à Ferrières car sa femme ne voulait pas quitter sa maison pour vivre au château).. revenait par un des deux chemins qui conduisaient au château, pendant ce temps là… les allemands redescendaient par l’autre chemin… si leur chemin s’était croisé ils auraient certainement demandé à mon beau-père qui il était… pendant ce temps là, Léon s’était enfui dans les bois….
Un jour, à la suite d’une bataille en avion deux américains sont arrivés en parachute. Mon beau-père les a recueillis, les a cachés et nourris. Ils arrivaient à faire comprendre à mon beau-père que leur parachute était resté accroché dans un arbre. Mon beau père a pris le risque d’aller les rechercher. A l’aide de ce joli tissu, ma belle-sœur Marie Lamer a fait deux magnifiques chemisiers en soie naturelle, quant aux américains, ils se sont cachés chez Emile LAMER dans la fameuse cachette citée plus haut. On ne les a jamais trouvés J’aurais bien voulu voir cette cachette mais c’était trop risqué.
Une autre fois Léon se cachait dans une ferme à l’Affrut. Léon était parti dans les bois, puis il revient vers la ferme et là il s’aperçoit, qu’un allemand le suit, il n’avait pas beaucoup le choix, il entre dans la ferme et va se cacher dans le fenil après avoir averti un polonais qui se cachait là aussi. Ils étaient bien dissimulés tous les deux dans le foin. Et là, l’audacieux allemand est monté à l’échelle avec sa mitraillette et la pointe en direction de Léon et du polonais. En voyant surgir la tête de l’allemand muni de sa mitraillette, Léon n’a pas hésité, c’était l’allemand ou lui, il a tiré avec son révolver et le « boche » a dégringolé l’échelle. L’allemand était mort, il fallait alors le cacher… Ils l’ont jeté dans une grande fosse à purin… Le fermier a eu peur pendant plusieurs jours que d’autres allemands ne viennent à sa recherche. Léon n’aimait pas parler de cet épisode de sa vie…
Pendant le temps qu’ils étaient chez nous ils réquisitionnaient les maisons du village pour se loger. Moi j’étais seule avec ma marraine. J’avais dit au garde-champêtre « nous n’avons que deux chambres à coucher ». Mais il n’en n’avait rien à faire, la chambre à coucher servait à loger deux chefs et une des places en bas pour y loger une dizaine de soldats. La journée ils cuisinaient sans se gêner, ils étaient les maîtres. Un des allemands m’avait même demandé de surveiller ce qui était dans sa poêle. J’étais furieuse ! Mais il fallait bien obéir. Un jour, je me retrouve seule à l’endroit où ils mettaient leurs fusils, je les regardais avec hargne, j’aurais tant voulu les prendre et les jeter. Mais hélas, ce n’était que rêverie. Si j’avais fait « la pareille » j’aurais bien dû me cacher jusqu’à la fin de la guerre et en plus il y aurait eu des représailles vis-à-vis de ma famille… rêve insensé…
Et pourtant un jour j’ai pu parler gentiment avec l’un d’entre eux. Il m’a dit qu’il en avait marre de la guerre, qu’il habitait Cologne, il savait qu’il ne pourrait plus revoir ses parents, sa maison, tout avait été détruit.
Et puis petit à petit les années se sont écoulées et un beau jour on a entendu dire que les américains débarquaient en Normandie. Les allemands se faisaient battre sur tous les fronts, ils étaient de plus en plus méchants.
Mais ils persistaient à rester dans le village. On écoutait les évènements à la radio française. Il y avait tjs quelqu’un qui surveillait, il ne fallait pas que les allemands le sachent.
Petit à petit les allemands reculaient si bien qu’ils sont restés chez nous pour toujours combattre, il y avait même une mitrailleuse près de la maison « Coulée » et on entendait tirer de partout. Je me rappelle que chaque fois que j’entendais le lancement de balles et un sifflement au dessus de ma tête, je me baissais. Je ne risquais pourtant rien car les balles passaient très haut, mais c’était quand même effrayant.
Un jour, nous nous cachions dans la cave de chez Godet, il y avait un gros poêle au milieu, et on se couchait tout autour. Par le soupirail, on voyait les grosses bottes des boches, qui passaient et repassaient. Si jamais ils s’étaient aperçus que nous étions autant dans la cave, ils auraient peut être pensé qu’il y avait un complot. Enfin, heureusement, ils ne se sont jamais rendu compte de rien. On était tous dans la cave, comme des rats, on ne parlait pas et on ne faisait aucun bruit. Nous nous attendions au pire.. le jour se levait, on n’entendait plus un bruit et petit à petit, nous sommes sortis de la cave. Il n’y avait plus personne…. Alors on a commencé à espérer. Quelqu’un est passé et a dit : « Les américains arrivent ils sont à Aywaille »..
En cachette on avait fait des drapeaux avec les couleurs des alliés et bien vite je vais les chercher et je commence à garnir ma maison, mais voilà un voisin qui passe et qui me dit : « Régine rentre vite tout cela, il y a encore des allemands, ils viennent de tuer un homme à Aywaille qui était en train de hisser le drapeau américain. J’ai enlevé tous mes drapeaux.
Un peu plus tard on voit monter des gens dans la rue Jehoge en disant « cette fois ci les américains sont bien là, ils montent la rue de Marche. Je suis partie avec les autres et au bout de la rue du Chafour …. Miracle ! Ils étaient bien là…. Des jeeps, des camions.. on était tellement heureux, on sautait, on dansait, on embrassait chaque américain…. Ils étaient beaux, ils étaient joyeux. On en croyait pas nos yeux. Je crois que ce jour là fut le plus beau jour de ma vie. Je n’ai jamais ressenti une joie pareille, les boches étaient partis. NOUS ETIONS LIBRES ….
C’était fou. Les américains libéraient village après village et toute la Belgique était libérée. On hissait des drapeaux partout. Il faut avoir vécu cette période là pour comprendre. Il y avait 7 ans que je courtisais… La libération a eu lieu le 10 septembre et je me mariais le 25 novembre… Régine PIROTTON (née le 6 septembre 1919 et décédée le 17 octobre 2011)