Fin du XVII.e siècle nous trouvons Pirson de la Boverie comme brasseur, le responsable des écritures indique :
Pirson del Boverie tient notre banal brassine a Comblen à stuit – bail – et terme de 9 ans commenchant le premier jour de may 1588 parmy rendant annuellement ( oultre la condition en sa commission ) tous les ans le stuit – bail ou tressent – de X – dix – sous or ou la vraye valeur.
Ce bail de neuf années se terminera fin avril 1597. Il est probable qu’il soit prolongé pour trois nouvelles années.
Un siècle plus tard, Everard de l’Eau tient notre brassinne bannale pour trois ans commençant à may 1701, nous rendant par an 450 florins brabants.
Celui-ci règle son trescens – sa redevance – en plusieurs fois, la première 17 et ½ écus, puis 25 écus et enfin 40 écus. Ces trois avances font déjà 330 florins car un écu vaut quatre florins.
Le 17 février 1704, il paie vingt écus, puis suit une rectification signalant qu’il y avoit une pièce d’or qui valoit 15 pattars moins qu’il ne l’a donné.
En septembre 1703, il paie 5 écus pour une voiture d’ardoise de Lorcé à Tabreux, ce paiement lui sera tenu pour son trescens.
En juillet 1704, il compte 20 écus et on luy diminue 7 écus pour l’interest qu’il a souffert a raison des ustensilles de la brassinne.
Il semble donc qu’une remise en ordre à la brassine a perturbé son travail.
Le 26 aout 1704, il est avisé avec Everard de l’Eau qu’il aveut achevé son bail des trois ans le premier may dernier, que ses tressents des trois ans montent a raison de cens et douze écus demy par an, faisant trois cens trente sept écus et demy, il a suivant les registres donné trois cens trente deux écus, donc restera cinq écus et demy.
En 1707, il rapporte des états de réparations à la maison pour 32 écus.
Everard de l’Eau tient notre brasserie commençant a may 1708, ensuite de son obtention à la hausse six cens et huictante – 680 – florins brabant bon argent.
Cette fois, la brassine est attribuée par hausse, cette formule est intéressante pour le Chapitre surtout lorsqu’il y a plusieurs amateurs.
Remarquons l’augmentation sensible du bail qui passe de 450 à 680 florins, soit une hausse de 230 florins.
Rien de particulier n’est signalé pendant ces trois années et le nouveau bail est emporté par Francq Xhardé qui obtient la brassine pour seulement 490 florins annuels. On revient à un bail plus convenable.
Le 6 septembre 1713, il est convenu et accordé avec le Sieur Nicolas Cornesse bourgeois marchand de Stavelot, partie faisant pour Francq Xhardé son parent, que parmy 6 louis d’or qu’il m’a compté qu’il docerat – fournira de preuve – de quittance de trois cens florins brabant que ledit Xhardé doit avoir compté a notre décharge au nomé Lasaulx Mignon a Verviers, item que tous ses etats de deboursements – frais – livrements et désinteressements faits et pretendus au suiet – sujet – de notre brassinne seront entierement abolis et satisfaits, il aura ainsy ledit Xhardé payé ses deux trssents pour les ans 1711 et 1712 qu’il a tennu a notre brassinne.
Francq Xhardé sera suivi de Simonis qui tient aussy notre brassinne à Hamoir, pour terme de six ans parmy rendant annuellement cens et cinquante sept écus – ou 628 florins – , il commence à may 1713.
Ce bail est obtenu à la hausse.
Le 24 mars 1714, il compte cens écus et le 20 juin il fournit un état des argents déboursez et autres choses délivrées aux brassinnes de Comblen et Hamoir portant 193 florins et 6 ¾ pattars.
On lui quitte la meme année 7 écus par rémission a raison de la mauvaise année et manque de houblon.
Simonis sera suivi à Comblain par Lambert Mercier qui commence bail en may 1719 pour 130 écus.
On accorde à celui-ci un état de 10 écus pour pavement de la cour.
On fait les comptes le 23 juin 1721, il est avisé avec Simonis notre brasseur des deux brassinnes en 1717 et 1718 portant les deux, chaque année, trois cens sept écus et pour les deux ans six cens quatorze écus, plus le tressent de la brassinne de Hamoir 1719 et 1720, faisant deux cens quarant écus, somme totale de 854 écus sur tout quoy a donné 749 écus, reste déduits 105 écus.
Le 29 mars 1725, il est alors à Hamoir, il fournit un état des prétentions et sept boeufs nous livrez, de fer, planches, bois et tous autres exposez portant 245 ¼ écus.
Item la mélioration resultante de la visite faite des ustensilles : 5 écus.
Le 30 mars 1723, Lambert Mercier est avisé qu’il doit 30 écus sur les tressents des trois ans, il dit avoir compté 25 écus à Fontaine de Liege, il restera donc 5 écus. La meme il règle 90 écus et produit un état d’une neufve écurie faite à notre brassinne portant 45 écus et un autre état des reparations et depenses portant 13 écus qui font ensemble de ses tressens a échoire en may prochain.
Le 30 mars 1723, il obtient encor notre brassinne de Comblen pour deux ans pour prix de 130 écus ou 520 florins, est aussi signalé qu’il devra faire la visitation de son entrée à sa… sortie ! !
En termes plus clairs il sera fait visite des installations à la fin de son bail.
George Wathoz lui succède, il obtient la brassinne pour trois ans à commencer en may 1725, rendant par an cent et soissante écus bon argent payables la médiéte – moitié – au Noel et le reste a may
Il règne 75 écus, puis 40, puis 41, rapporte un etat de diverses choses exposez pour la brassinne et luy allouwez en compte par Monsieur le Prieur portant 21 écus et 18 pattars et demy.
Il vend aussi quattres boeufs gros, il sont livrès le 11 avril 1728, la pièce à 35 écus.
Sa tenue de la brassine semble bonne car il repart par nouveau bail en may 1728, rendant 156 écus.
En aoust 1730, il fournit un etat de 30 écus auxquels il faut ajouter divers paiements faits, il a donc satisfait a son tressens échu a maie ! dernier.
Le 31 mars 1731, il livre trois boeufs pour 90 écus.
Le 29 maie – ! ! – 1731, a paiés 11 écus et luy ayant rachetés une chaudière de fer avec les murailles, un abattus – un bâtiment – pour mettre des bois et sur le fourneau un bache – bac – et un ratelier dans l’écurie des boeufs, cinq et demy planches dans la cuisine pour ranger les plats, un bois au fourneau de la brassinne, une serrure sur la salette sur la chambre au dessus du fournis à l’écurie des boeufs, au sina – grenier – et une autre pour onze écus, qui font 22 écus avec quoy il a satisfait a tous ses tressens échus a maie 1731 et a la visite faite a sa sortie.
Nous avons vu le record de 1518, il est très strict concernant la vente de bière, un sérieux accroc semble se produire en 1731. Suivons cette affaire :
Messieurs de la Haute Cour et Justice de Malmedy.
Quoiqz les Seigneurs du Chapitre de Malmedy ayent une brassine banale a Comblen, et qu’il ne soit permis à personne d’y revendre de la bière qui n’at pas été brassé a ladite brassine sans le consent des dits Seigneurs ou de leurs admodiation, il est cependant que certain N. Hackin at été si témérair que d’y vendre de la bière autre que de ladite brassine, ce qu’étant revenus – rapporté – aux dits Seigneurs, ils ont fait arreter et saisir une tonne de bière – un peu plus de 100 litres – que ledit Hackin avoit fait amener proche la maison Noel Neuforge pour revendre.
Ledit Hackin ayant adressé à la Cour dudit Comblen pour que les titres d’arret y fussent déduits, et lesdits Seigneurs ne voulant y proroger mais pardevant vos Seigneuries le soubsigné Syndic du Chapitre supplie pour ordonnace au dit Hackin de déduire pardevant elle telle action qu’il croit avoir a ce sujet, avec defence a la Cour de Comblen d’en cognoitre ensemble adjour – comparution – sommair contre ledit Hackin pour voir etre declaré – ! – , la dite banalité attendue, ne luy avoir été permis de ce faire, ledit tonneau etre tombé en commise – confiscation – et défence faite a iceluy d’y plus recidiver soub peine plus grave.
Suit l’intimation :
Je soubsigné sergeant de la haute Cour et justice de Comblen authorisé, certifie d’avoir intimé la presente requète et apostille au Sr Hackin ayant parlé pour son absence a Noel Neuforge son hote auquel j’ay donné copie le 7 avril 1731.
Signé Everard Gadet.
Le coupable sera donc entendu devant la haute Cour de Malmedy.
Lambert Poncin commence a maie 1731 et donne 175 écus annuels.
Il paie régulièrement en trois ou quatre versements par année.
La brassinne est ensuite horslaissée à la hausse et est finalement obtenue par Lambert Poncin pour trois ans commeçant a may pour 175 écus annuels et aux conditions reprises dans la hausse faite le 6 décembre 1730.
Le 15 septembre 1734, il fournit des cochons et continue son bail.
Le chapitre de Malmedy, convoqué au son de la cloche capitulaire le 13 avril 1734, à en effet relaissé à Lambert Poncin la brassinne pour 160 écus bon argent.
Il demande ensuite une diminution de son bail. La décision n’est pas prise par le chapitre qui remet la décision aux Révérend Prieur et au Gouverneur, comme ils le jugeroient à propos.
Le premier septembre 1738, on luy fait grace du reste parmy qu’il paye encor trente carolins avant la Noel, luy aiant tenu compte de 140 florins quil luy revenoit par la visite de la brassinne arrivée le 30 avril.
Le 11 mars 1737, la brassinne est horslaissée a Joseph Fairon pour somme de 150 écus.
Il produit un etat pour bière fournie – cela ne doit pas etre un problème – aux ouvriers travaillant a la grange, important 122 florins.
Son bail est ensuite renouvelé par décision du chapitre.
Le 7 aout 1742, sa veufve – veuve – paye six florins, il vient de décéder il y a peu. Il a encore réglé 40 écus le premier août passé.
Le 22 juin 1743, elle fournit du houblon pour 144 florins.
La brassine passe à Jean Joseph Philippin en mai 1743 pour la somme annuelle de 150 écus.
Il est fait compte avec la veuve Fayron, elle est redevable de 1.200 florins, elle livre 785 livres de houblon pour 144 florins et produits des etats – notes de frais – pour 93 florins payés pour charriage de ceux qui ont menez les matériaux pour le coeur de l’église en leur fournissant de la bière et qu’autres petits états faisant 1.050 florins.
Elle reste donc redevable de 150 florins.
Jean Joseph Philippin paie 42 écus bons et on luy at quitté 8 écus bons pour … malheurs luy arrivés !
Idem en 1744, on luy quitte 17 écus pour malheurs.
Malgré ses malheurs Jean Joseph va reprendre bail en 1746 et en 1749.
Le 15 décembre 1750, il livre 6 stiers … d’aricots à 5 florins le stier.
Le 16 avril 1753, celui-ci fournit 14 aulnes de toille a 2 escalins l’aulne.
Une telle livraison est de nouveau effectuée le 2 mars 1757, et de la toille est fournie pour 105 florins ainsi que un stier d’aricots pour 5 florins.
Le 14 juin, deux vaches sont livrées pour 20 écus et en janvier 1758, 150 livres de houblon et un stier aricots pour deux écus.
Le 2 mai 1759, l’état du monastère de Malmedy est pitoyable, les écuries de la ferme de Harce sont brûlées et la brassinne de Comblen menace de crouler.
Pour le premier mai 1760 un nouveau locataire est désigné, il se nomme Leonard Hazé du Rivage. Il obtient la brassinne pour le terme habituel de trois ans à condition de payer 400 florins brabant par an. L’échéance est fixée au Noel de chaque année.
Que se passe-t-il alors ? Nous l’ignorons, mais un nouveau bail est mentionné en date du 25 avril 1760, il devra également prendre cours au premier mai 1760. A cette date la brassine est donc horslaissée ou admodiée à Antoine Grignet qui devra payer 400 florins brabant.
Il va continuer ce bail en 1763 pour une période de trois ans ainsi que les biens de labour de l’Abbaye situés à Comblen ainsi que la grosse dîme de la localité .
Serait-il le responsable de la perception de la grosse dime à Comblen ? C’est probable.
Nous savons que souvent celle-ci est horslaissée – attribuée au plus offrant – peu avant la récolte ; lorsqu’il est possible de l’évaluer. Les candidats à reprendre cette dîme l’estiment et font offre. Celui qui l’obtient a ainsi le droit de garder la quantité de récolte touchée par la dîme et il doit, bien évidemment, payer la somme qu’il a proposé pour l’obtention de celle-ci.
Pierre Antoine Grignet paie 200 florins le 22 février 1766, le 3 juin il remet de nouveau 200 florins au bo(u)vier du Chapitre de Malmedy.
A cette époque est enregistrée une supplique de Joseph Philippin de Comblen au Pont, ancien fermier de notre brassinne de Comblen pendant 17 années pour lesquelles il reste redevable de 700 florins liégeois pour ses loyers non payés. Il supplie la rémission d’une partie de la ditte redevance.
Ayant pris en considération les infortunes qu’il at essuiées dans l’interval de ces années, avons bien voulus par grâce spéciale lui remettre 300 florins à cette condition pourtant qu’il nous paiera les 400 florins restants par deux termes qui écheront le premier à la Saint Remacle prochain et le second au Noel suivant, manque de quoi la rémission lui faite sera tenue pour nulle et pour assurance du premis – accord -, André le Duc son gendre nous a obligé ses biens pour en cas de défaut de paiement pouvoir y revenir.
Ainsi fait, rémissionné, obligé et recessé en chapitre.
Pierre Antoine Grignet est toujours cité en mai 1767 et il doit 1.000 florins.
Le 3 septembre 1768, il rend 84 florins et livre 5 muids d’épeautre à 12 florins le muid.
Le 6 novembre 1768, le chapitre a quitté et rémissionné au brasseur la somme de 400 francs hors de sa redevance.
Il continue à payer en argent et épeautre ainsi qu’un état portant 86 florins et 11 sous pour une pompe mise dans la brassinne.
Par décision du 5 novembre 1768 la brassinne ainsi que la ferme de Comblen, lui sont louées. Le chapitre de Malmedy signale à cette occasion :
Pierre Antoine Grignet nous aiant remontré que malgré les peines et soins qu’il prennoit pour vivre et pour etre a meme de paier son tressent, il lui étoit impossible de pouvoir y satisfaire.
Aians pris en considération ses raisons, de meme que des personnes a meme de juger de la vérité de ses allégués, nous lui avons quitté cinq cent florins hors de mille dont il était déjà arriérés, et d’un meme content avons diminué le tressens de la brasserie banale de 200 florins annuels, tellement que son tressent de la brasserie reste fixé a 200 florins annuels argent cours de Liege.
En mai 1769, il reprend le bail de la brassinne, les biens de labour et la grosse dîme de Comblen, parmi nous rendant annuellement 800 florins bons, le Chapitre luy ayant passé une diminution de 200 florins sur la brassinne.
Le 3 décembre 1770, le comptable note : Reçu de Monsieur le curé de Comblen a la décharge d’Antoine Grignet 300 florins pour redevances.
Il livre aussi trois fois 12 muids d’épeautre à 16 florins le muid et en janvier 1773 il livre 210 stiers d’épeautre qui font 26 muids et 2 stiers.
Peu de renseignements sont repris par la suite. Nous retrouvons seulement une note : Sommes importantes dues.
Décision du 13 mars 1781. Le chapitre admodie la brassine, maison et dépendances avec la grosse dîme de Comblen à Hubert Joseph Mercier pour terme de trois années au prix annuel de 800 florins brabants cours de Liège.
Continuation de la location en 1784 ( période de trois années )
Finalement, location de la brassine à Hubert Joseph Mercier au prix de 800 florins brabant et une pistolle de réparation et … un gros cochon !
Nous pouvons penser que cette dernière location aura été attribuée pour la période 1787-1790.
Hubert Joseph Mercier aura donc été le dernier fermier du Chapitre de Malmedy à la brassine banale de Comblain.
Documents issus des registres de l’Abbaye de Stavelot, article écrit par René Gabriel
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