A l’occasion de l’anniversaire de l’Armistice de la « grande Guerre », la consultation du journal de campagne de Maurice Flagothier est significative.
Il a vécu la tragédie de son village mis à sac par les soldats allemands qui fusillèrent 35 civils et détruisirent 52 maisons le 6 août 1914… Son frère Raymond était hélas parmi les victimes, ce qui motiva Maurice à répondre favorablement à un appel clandestin de volontaires pour l’armée belge.
En passant par la Hollande, l’Angleterre et la France où il suivit des formations de mitrailleur, il subit alors le long calvaire des tranchées de l’Yser.
Bien que l’Armistice fut signé le 11 novembre 1914, ce ne fut qu’à partir du 16 que le retour pédestre vers Liège débuta, via les Flandres où, partout, son régiment fut fêté et que des défilés eurent lieu.
Dans son journal de campagne, il écrivait :
… Samedi 30 novembre 1918 – 12ième étape.
« C’est aujourd’hui la rentrée officielle du Roi et de l’armée belge à Liège. Nous sommes rassemblés à Ans pour la dernière marche qui ramènera le 12ième de Ligne à sa caserne de la Citadelle. Rue de Hesbaye, le Prince Léopold descend d’une auto et prend place dans les rangs pur le défilé de la victoire. La ville est pavoisée à profusion et une foule énorme se presse sur les trottoirs et aux balcons et fenêtres d’où on jette des fleurs. C’est un souvenir inoubliable. Au centre de la ville, les soldats des régiments qui ne défilent pas, forment la haie. Nous suivons le roi, la reine, le prince Charles, la princesse Marie-José et le général Jacques ; tous à cheval. Leur passage déchaîne des ovations délirantes. Les clameurs du peuple délivré exercent sur nous un effet extraordinaire et nous marchons comme des automates, portés par une force indéfinissable.
Lorsque le public reprend haleine et que les voix semblent faiblir, le lieutenant Jorissen les relance en nous montrant de son épée et en criant : « Vivent nos soldats ! » Son geste et ses mots redonnent du souffle à la foule qui redouble son tonnerre de cris enthousiastes.
Dans sa marche triomphale, la colonne s’est légèrement tassée et la compagnie s’arrête pour reprendre la distance réglementaire et nous en profitons pour échanger quelques réflexions en wallon entre voisins. Une femme qui nous entend croit bien faire en cirant : « Vivent les Wallons ! »
Le sergent Dognée, un Liégeois, lui répond en wallon : « Madame, il n’y a ici ni Wallons, ni Flamands, il n’y a que des Belges ! »
Cette réplique judicieuse est ponctuée d’un : « Bien, sergent ! », du caporal anversois Slachtmuyders.
La foule qui a compris reprend d’une seule vois : « Vivent les Belges ! ». »
*********************
A méditer…. J. Marquet
Les mémoires de ce vaillant combattant peuvent être consultées au Fonds d’Histoire Locale – Bibliothèque « Les Mille Feuilles » à Sprimont.
Y. Gilles-Sépulchre – 0497.373048
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.